Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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nouveau roi ne prêlait pas serment à la nation et ne jurait pas le respect de la loi constitutionnelle dans le délai d’un mois après la réquisition du Corps législatif, il était censé avoir abdiqué la royauté. Pour Louis XVI, c'était la mère de la Constitution, l’Assemblée souveraine elle-même. qui venait réclamer son acceptation : sur un refus elle prononcerait la déchéance. S

Dans ces conditions, il ne pouvait être question de refuser. C'était principalement pour éviter cette acceptation définitive qu'avait eu lieu la fuite de Varennes. Mais il était impossible de recommencer, surtout à si brève échéance, quoique le 25 août Morris paraisse craindre quelque chose de semblable : « Je vais chez Montmorin et je lui dis que j'ai quelque raison d'appréhender que le roi ne fasse un autre coup de théâtre. I} dit qu'il ne le pense pas’. » Il fallait donc accepter; mais le roi pouvait le faire avec des remontrances à son tour : il pouvait préparer l'avenir ; poser la première pierre d’une future revision constitutionnelle, peut-être gagner quelque chose dès maintenant. Aussi les politiques s’agitent. Pendant le mois qui s'écoule entre le 6 août et le 8 septembre 1791, La Marck voit souvent Morris. On fait venir à la Cour Pellin, l’ancien secrétaire de Mirabeau, le faseur de Mirabeau, comme dit plus loin Morris ?. Le 18 août Montmorin « dit qu'il a désiré que Pellin recueillit fous les traits populaires de la conduite du roi depuis son avènement au trône et les mit dans le discours. Cela est tout à fait maladroit et je le lui insinue, mais sans doute une folle vanité prévaudra sur ce point? ». Mme de Staël se remue avec Talleyrand qui paraît alors être tout à elle et dont Morris s’est détaché‘. Mais Morris surtout est sur la brèche. Dès le 7 août il a préparé un travail: ce jour-là : €M. Jaubert vient chez moi avec la petite partie de mon travail qu'il à traduite ; il lui faut beaucoup de temps pour la corriger et Jui donner la force et l'original. » Le 20 août c'est Bergasse qui intervient: « Bergasse corrige ce que j'ai écrit ce matin. Il dit qu'il écrira au roi demain sur l’état des affaires

ET Te P- hhh. — 2. T. EL, P- 290 LL. I, P. 42. h. Ci-dessus, p, 184. — 5, T, I, p. hu.