Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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lers n'ont ni le sens ni le souffle que réclame l’occasion !. » Jamais parole n'a été plus prophétique.

Beaucoup plus tard, il écrira à Rufus King, le 23 octobre 1792: « En réduisant l’autorité royale au-dessous de toute mesure raisonnable, les auteurs de la Constitution avaient rendu moralement impossible que le peuple püût croire le roi sincère dans son acceptation, alors même qu'il eût été possible qu'il pût sans regret se voir, de la place la plus haute qui soit accordée à l’homme, réduit à un état si abaissé que d’être exposé à l’insulte venant des plus bas?. » Ajoutez à cela que l'entourage du roi ne semblait laisser aucun doute. « Le palais, dit encore Morris, dans la même lettre, était toujours plein de gens dont le langage, la conduite et les manières étaient si diamétralement contraires à tout ce qui rappelle la liberté, qu'il était aisé de persuader au peuple que la Cour voulait ruiner la Constitution par la stricte observation de la Constitution elle-même. Le roi, dont l'intégrité n'aurait jamais admis rien qui ressemblât à la violation de son serment, avait néanmoins la faiblesse de laisser approcher de sa personne ceux qui, ouvertement, professaient des sentiments anticonstitutionnels, et de les admettre dans son intimité. La reine était Ja plus prudente des deux *. » Il est clair pour Louis XVI que, pourvu qu'il ne violât, dans sa lettre, aucun article de la Constitution, il était convaincu qu'il tenait son serment, et cela alors qu'en même temps il négociait avec les souverains étrangers ligués contre la France pour que « le sort des armes lui fit rendre la liberté nécessaire à l'exercice de la puissance royale * ».

A côté de ces redoutables négociations, de misérables intrigues se nouaient constamment à la Cour: « Ajoutez à cela, dit Morris toujours dans la même lettre, que la Cour était engluée dans un esprit de petite, méprisable intrigue, indigne de tout ce qui est au-dessus des valets de pied et des femmes de chambre. Chacun ou chacune avait son petit projet

Ur, pG00, 2 Le, p2600.. 9.011, p. Üoz.

k. Mémoire présenté par Mallet du Pan aux souverains alliés de la part dé

Louis XVI, rédigé par Mallet et corrigé par le roi. Mémoires, t. 1, p. {4o.