Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LA LÉGISLATIVE, — LE 10 AOÛT 215

et chaque petit projet avait ses approbateurs !. » Et Malouet: « Hélas ! je dois le dire en le déplorant, une multitude d'intrigants et de gens officieux entouraient la famille royale: leurzèle aveugle, indiscret, sans moÿens, créait sans cesse des espérances de contre-révolution *. » Mallet du Pan: « Chacun d'eux avait ses demi-confidents, ses agents, ses néwociateurs, qui ne pouvaient se concerter sur rien et devaient souvent se contrarier *. » En voici quelques exemples que fournit le Journal: « Aujourd’hui (7 décembre 1791) causant avec M. de Laborde, nous allons d’un sujet à un autre, jusqu'à ce qu'enfin il me communique un journal, qu'il écrit et qui est envoyé aux frais du roi à toutes les loges de francsmaçons du royaume. Il dit que le roi et la reine, M. de La Porte et lui sont les seules personnes dans le secret *. » Le 18 octobre 17g9r : « Je dis à Montmorin que je suis informé que le roi recoit souvent de ses frères des lettres qu'il ne communique pas. Îl dit que cela est vrai, mais qu'il lui lit les parties relatives aux affaires publiques. Je lui dis, qu'à ce que je comprends, la reine reçoit des lettres de l'Empereur concernant les affaires d'ici. Sur ce point il ne paraît pas tout à fait fixé et dit qu'il appréhende que le dernier changement ne vienne des conseils autrichiens. Il me recommande le plus grand secret dans un style qui semble implorer ma pitié pour tant de faiblesse humaine’. » Le 26 novembre r79r, lorsque Montmorin quitte le ministère des Affaires étrangères, voici ce qu'il raconte à Morris: « Il me dit que la véritable cause. qui lui a fait quitter le ministère, c'est qu'il n'avait pas l'entière confiance de leurs majestés ; qu’elles étaient gouvernées par des conseils venant tantôt de Bruxelles, tantôt de Coblentz; il s’est efforcé de les convaincre, qu'à moins d’avoir un plan arrêté, il leur serait fait beaucoup de mal, mais en vain ©. »

1. TI, p.6or. — 2. Mémoires, t. LL, p. 214. — 3. Mémoires, +. IL, p. 220. ‘ 4 TL, pe 485. — 5. T. Ï, p. 466. — 6. T. I, p. 482.