Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LA LÉGISLATIVE. — LE 10. AOUT 227

pour empêcher et ramener les Marseillais dans le parti du roi t. » Le même jour, le soir dans le jardin de Montmorin, Malesherbes fait cette proposition désespérée : « Tout le parti révolutionnaire est armé contre lui (le roi) parce qu'il le suppose armé contre eux; _ VOUS voyez quelles sont nos armes, puisque S. M. se refuse à tout ; que le TO1 écrive au comité dirigeant de l'Assemblée que, pour faire cesser toutes les défiances et les mettre en état de rétablir l’ordre, il leur abandonne les rênes du gouvernement et les autorise à nommer un conseil de régence jusqu'à ce que la paix soit faite. » M. de Malesherbes en était là lorsque nous vimes arriver un sarçon du château avec un paquet pour M. de Montmorin. Le roi lui envoyait une lettre de Guadet et Vergniaud et une du premier valet de chambre Thierry, chargé par eux de la remettre à S. M. Les deux députés faisaient la même proposition que venait de faire M. de Malesherhes, qui ne s'était sûrement pas concerté avec eux, ne les ayant jamais vus ?. »

Morris, en définitive, tout en ayant cherché à lutter, considère comme fatale la suite des événements. Après le 10 août il écrit à Thomas Pinckney alors ministre des États-Unis à Londres : « Je n’en suis point surpris, parce que, non seulement j'ai prévu le conflit entre les deux COTps organisés par la Constitution, à savoir le soi-disant exécutif et le législatif ; et j'étais convaincu que le second aurait le dessus ?. » Et plus tard en octobre à Rufus King : « Il était évident que la Constitution ne pouvait pas durer et. dans le bouleversement, trois choses pouvaient arriver, savoir : l'établissement du despotisme, l'établissement d’une bonne constitution ou l'institution d’une démocratie. La première, sous un prince capable et ambitieux, était inévitable ; la seconde était extrémement difficile, mais seulement parce que les chefs des différents partis se trouvaient attachés à des points de vue et à des Opinions différents. La dernière était la marche progressive et naturelle des esprits, dans une succession nécessaire d'idées dérivant de la Déclaration des droits #. »

1. Mémoires, &. LL, p.233; cf, p. 214, — 2. Mémoires, t. EL p-#233. 3. T. Ep. 57x. — 4. T. L p. 6o7.