Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LA LÉGISLATIVE. — LE 10 AOUT 233

Il ya a plus les membres de ce ministère incohérent intriguaient les uns contre les autres. Dans la lettre à Washington ne 17 mars 1792 Morris rapporte : « Je vous aidécrit le D re français comme étant extrêmement divisé (disjointed). C’en était trop pour sa misérable existence : de plus ses membres prenaient des mesures’efficaces pour précipiter mutuellement leur ruine... À l'effet d’écarter un grand obstacle à ses tripotages il (Nar De) s’associa aux intrigues contre M. Bertrand de Molleville et en même temps il nouait d’autres intrigues contre M. Delessart en vue d’avoir sa place !. »

Louis XVI, complètement désorienté par les exigences des constitutionnels et par l'opposition que l'Assemblée faisait aux ministres, essaya d’un subterfuge vraiment anticonstitutionnel. Il se désintéressa du ministère et voulut avoir pour diriger ses actes et sa politique, un conseil privé, sorte de ministère occulte. Cela est attesté à la fois par Malouet et par Morris. « Le roi, dit le premier, n'avait plus pour ministres que des hommes désignés par le club des Jacobins et qui en professaient les maximes: on avait dénoncé et on l'avait forcé à renvoyer tous ceux qui n'étaient pas sur cette ligne, tels que MM. Bertrand, Delessart, de Grave et Monciel, plus ou moins constitutionnels, mais incapables de trahir la confiance du roi, s’il leur en avait accordé. Au moins ne voyait-il pas en eux des ennemis... Lorsque le malheureux prince eut pour tout conseil Roland, Clavière et Dumouriez, obligé de sanctionner les décrets contre les prêtres, contre ses frères ou de résister à ses ministres, ainsi qu'à l’Assemblée, il sentit enfin toute l’horreur de sa position. Il appela M. de Montmorin et lui dit qu'il ne pouvait considérer comme ses ministres des hommes qui étaient ouvertement ses ennemis: que, dans l'impossibilité où il était de les chasser et de composer un conseil apparent auquel il püût se fier, il se décidait à nommer un conseil secret auquel il donnerait la direction des affaires : que lui, M. de Montmorin, l'archevêque d'Aix, l'abbé de Montesquiou et moi, étaient ceux dont il avait fait choix, et

1. "T1 p"522.