Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LA LÉGISLATIVE. — LE 10 AOUT 237

opinion sur ce sujet s’accordait avec la mienne, mais que rien ne pouvait être fait tantqu ils n'auraient pas ramené L Assemblée à une plus grande consistance, de manière à ce qu'ils

uissent disposer d'une majorité ; qu'ils ne pouvaient obtenir de cette majorité que les mesures du moment 1, » Enfin on LZ rappelle que lorsqu'il offrit sa démission et qu'elle fut accepiée par le roi, Dumouriez parut fort étonné ?.

V a

On a vu que de tous côtés, en 1792, on songeait à un coup d'État. Dans l'entourage du roi cela prenait deux formes : ou une simple évasion qui permettrait à la famille royale de passer à l'étranger, ou le coup d'État proprement dit, qui mettrait le roi à la tête d’une armée.

Les sauveurs s'offraient à Louis XVI nombreux et inattendus. Malouet raconte d’une façon précise comment Mme de Staël, dans un plan simple et ingénieux, proposa d'emmener à Dieppe le roi, la reine et le Dauphin ?. Lui-même transmit la proposition par M. de La Porte qui « me dit que le roi et la reine n’accepteraient jamais aucun service de Mme de Staël ; qu'ils me chargeaient pourtant de lui dire qu'ils étaient très sensibles à ce qu'elle voulait faire pour eux: qu'ils ne l’oublieraient jamais ».

Voici maintenant ce qu'il raconte sur La Fayette: « Il était sûr de son armée et de celle de son collègue Luckner, si le roi consentait à se mettre à leur tête ; il était venu à Paris au mois de mai pour lui en faire la proposition, et comme il savait que S. M. avait confiance en moi, il me fit demander un rendez-vous *. » « Le roi répondit dans la soirée qu’il ne voulait pas quitter Paris pour aller à l'armée ; que cela était inutile et dangereux : mais qu'il savait le meilleur gré à M. de La Fayette de ses dispositions: qu'il le verrait avec plaisir ; qu'il l'engageait à maintenir son acmée dans ce bon esprit, et

1. T. I, p. 555, 556, 557. — 2. Ci-dessus, p. 220. 3. Mémoires, &. Il, p. 220. — 4. Mémoires, t. IL, p. 221 et sui.