Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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cé fut à peu près tout ce qu'il lui dit le jour suivant. La reine montra de l’aigreur contre M. de La Fayette et lui parla même avec beaucoup de froideur, et sans paraître atta= cher aucun prix ni la moindre importance au dévouement qu'il leur témoignait !. »

Cependant dans l'entourage même du roi on faisait des plans et l’on prenait des dispositions. Malouet en mentionne deux, auxquels il participa. Le premier se place à une date qu'il ne précise pas mais qui est postérieure au 20 juin. Il s’en ouvrit encore à M. de La Porte : « Je lui dis qu'à défaut du projet de Mme de Staël, M. de Montmorin s'était assuré de M. de Liancourt, qui commandait à Rouen ; qu'il avait quatre régiments à ses ordres ; qu'il lui serait facile de les porter à Pontoise, où les gardes suisses pourraient conduire Leurs Majestés?. » Il lui remit une lettre pour le roi, dans laquelle il le conjurait « de prendre un parti ferme et prompt, de nous laisser le soin de préparer son évasion, ainsi que la liberté d'agir auprès des royalistes réunis à Paris et des gardes nationales dévouées, telles que les bataillons des Filles-SaintThomas et des Petits-Pères ». Il demandait aussi au roi de désigner « l'officier général en qui il avait plus de conliance pour commander les divers rassemblements projelés >. Louis XVI ne consentit pas: « Nous verrons, dit-il... rien n'oblige à prendre un parti si hasardeux. L'affaire de Varennes est une leçon. » Mme Élisabeth, à qui Malouet communiqua l'original de la lettre; aurait au contraire été disposée à accepter.

1 Mémoires, t, Il, p. 217. Voyez cel autre récit recncilli par. Morris à l'étranger, t. I, p. 367: « M. Crauford dit qu'il vint à Paris en décembre 1791 et y demeura jusqu'en avril 1792. Soit dit en passant, c'est à peu près le temps pendant lequel j'en ai été absent. Il essaya de persuader le rot et le dauphin de quitter la France — chose que, dit-il, le gouvernement

anglais désirait comme un moyen de sauver le roi et la monarchie, Crauford voyait le couple royal régulièrement deux ou trois fois par semaine et le plan d'évasion était arrangé ; mais la reine changea d'avis comme à l'ordinaire et déclara qu'elle ne séparerait jamais son sort de celui du roi. Cette détermination, si souvent reprise, ou, je crois, insinuée, se trouva être la cause de sa perte. »

2. Mémoires, t. IX, p. 223 et suiv.