Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LA LÉGISLATIVE. — LE 10 AOÛT 2h

Guerre un gaillard très déterminé. Un pareïl homme, comme beaucoup d’autres, sera l'artisan de sa propre perte; mais il amènera le commencement du bient. » Le 21 juin 1792 ilse rend chez Montmorin : « Après diner nous nous promenons dans le jardin, lui, Malouet et Bertrand, méditant sur la situation. Pour savoir de quelle pâte ils sont faits, je leur dis quelles mesures mettraient fin à tous les troubles; mais ces mesures sont profondes et périlleuses, et, lorsque nous rentrons dans le cabinet de Montmorin, il se trouve mal ?. » Le 99 il va à la Cour: « A la Cour aujourd’hui Mme Élisabeth et la reine font allusion à la bévue que j'ai commise hier en venant à la Cour lorsque le Corps diplomatique n’y était pas reçu. La Fayette me parle à la Cour sur le ton de l’ancienne familiarité. Je lui dis que je voudrais bien le voir quelques minutes. [l me dit qu’il quittera Paris ce soir, mais me donne rendez-vous chez Mme de Montmorin. Je lui dis qu'il faut qu'il retourne promptement à son armée où il ira à Orléans* ; et qu'il doit se décider à combattre pour une bonne Constitution ou pour ce méchant morceau de papier qui en porte le nom ; que dans six semaines, il sera trop tard'. »

ln même temps Morris préconisait des mesures subtiles. Ainsi la reine était fortement et justement soupçonnée d’entretenir des relations politiques avec l'Empereur * et avec les princes émigrés : le 29 octobre 1791 le Journal porte, racontant une visite chez Mme de Staël : « Brémond me fait demander pour me dire que les émigrés comptent entrer au mois de juillet prochain, et que la reine est enfin décidée à agir de concert avec les princes. Cela, dit-il, est arrivé directement du prince de Condé aujourd’hui. Je crains que la Cour ait quelque plan sous main et s’il en est ainsi, ils jouent une certitude contre quelque chose d’incertanf. » Alors pour donner le change à l'opinion, Morris imagine de faire surprendre et publier une lettre de Marie-Antoinette à l'Empereur, qui naturellement respirerait le plus pur patriotisme :

Er, T. pts 2 TT p' or. 3. C'était à Orléans que siégeait la Haute Cour de justice. h. T. I, p. 548. — 5. Ci-dessous, p'225—" 6. JT, p.454.

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