Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

2h4a GOUVERNEUR MORRIS

« Mme de Laborde me demande (6 octobre 1791) ce que la reine doit faire pour devenir plus populaire. Je lui dis, après réflexion, qu'elle doit écrire une lettre à l'Empereur et s’arranger de manière qu'elle soit interceptée, etc. C’est un excellent petit coup, s'il est bien exécuté : autrement il ne vaut rien!. » Lorsque M. de Monciel est nommé ambassadeur à Mayence, c'est Morris qui lui donne ses instructions: « Ce matin (1° décembre 1971) Brémond vient et me présente M. de Monciel, nouvellement nommé ministre à Mayence, qui désire que je lui trace sa ligne de conduite. Je lui dis qu'il sera nécessaire d’avoir un confident ici. Je lui montre comment il peut se procurer des renseignements utiles et je siguale l'insuffisance du présent gouvernement. Je finis en lui disant qu'il serait bien d'avoir une correspondance par laquelle il ferait passer au roi d’utiles informations. Il est très désireux de cela et, sur ses instances je promets de sonder Sa Majesté à cet égard?. » Le lendemain on voit que tout était arrangé, par l'intermédiaire de Bertrand de Molleville.

Après le coup d’État, ou plutôt en même temps, la seconde chose que prépare Morris c'est une nouvelle Constitution, celle qu’il a rêvée pour la France dès le premier jour, et que le roi octroiera à ses sujets en reprenant sa puissance. Car, il faut le dire, il ne travaille point pour le despotisme, qu'il déteste. IT veut la royauté, mais avec elle la liberté. Dès le 21 octobre 1791, alors que la Constitution acceptée par le roi ne fonctionne pas encore depuis un mois, il en parle à de Moustier : « Je lui dis qu'une bonne Constitution est la condition préalable ; que c’est le moment d’en faire une de manière à avoir le consentement du roi et je lui suggère quelques idées à ce sujet’ » Le 8 novembre 1791 ü donne à Montmorin « quelques indications concernant une Constitution pour ce pays * ». Le 6 décembre suivant, lui même y traaille « je m'emploie à préparer une forme de gouvernemen! pour ce pays * ». Le même jour il s’adresse au ministre de la Marine : « Nous causons des affaires publiques et des moyens

1. Top. 462 — 2" TT, P: 496. — 3, T. I, p. 468. BASES p, 478. — 5. T.I, p- 484.