Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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LA LÉGISLATIVE. — LE 10 AOÛT

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d'établir en ce pays une Constitution qui assure les droits légitimes de la nation sous le gouvernement d'un vrai roi. Il promet de sonder le roi et la reine et je promets de tracer quelques indications. » [l est en effet à la besogne le 8 décembre, lorsqu'il reçoit la visite d’un Français qui a préparé et envoyé au général Washington un projet de Constitution pour les États-Unis : ïl y à travaillé pendant vingt-cinq ans et déclare connaître admirablement l'Amérique sans y être jamais allé. Cela rend Morris rêveur : « Je ne puis m'empécher d’être frappé de la ressemblance entre un Français qui fait une Constitution pour V'Amérique et un Américain qui rend à la France le même office. L'amour-propre me dit qu'il y a une grande différence de personnes et de circonstances : mais l’amour-propre est un dangereux conseiller ‘. » Il ajoute: « Hier j'ai fini de copier et de corriger un plan de gouvernement et les principes généraux qui l'accompagnent. » Il dit ensuite qu'il en parle au ministre de la Marine. M. de Fleuriau. Celui-ci a sondé le roi, en lui recommandant le plus grand secret.Le 25 juillet 1792, alors que la première tentative pour l'évasion du roi a échoué, Morris prépare encore le coup d'État et la Constitution : « Un peu après deux heures M. Monciel et M. Bertrand de Molleville arrivent. Je lis le Mémoire écrit pour le roi lors de l’acceptation de la Constitution. Nous dinons et après diner je lis le plan de Constitution et nous discutons les mesures que doit prendre le roi. M. Bertrand est un partisan de l’ancien régime ; mais nous l'écartons un peu de son opinion, à laquelle il reviendra sans doute. Il préparera demain le projet d’une lettre pour accompagner le mamifeste?. »

Morris croyait-il au succès ? Il constatait à mainte reprise que l'opinion publique revenait au roi. Le 27 décembre 1791 il écrivait déjà à Washington : « Le mécontentement est général mais il n'ose pas éclater en partie parce que la haine des aristocrates et la crainte de leur tyrannie opère encore, en partie, parce qu'il ne s'offre pas d'occasion sûre +, » Il compte

; p: 486. — 2. T. I, p. b64. h62-3, 536. — 4. T. I, p- 493.