Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

CHAPITRE. V

LA RÉPUBLIQUE; LA CONVENTION

Les jours qui suivirent le 10 août furent fiévreux pour Morris, comme pour tous ceux qui habitaient Paris ; il trouve sourtant le moyen de mener en voiture Mme de Flahaut à Versailles et au Bois de Boulogne ‘. Alors que partent tous les ambassadeurs des puissances étrangères, il se décide à rester, malgré les instances privées de Talleyrand. Il sy croit obligé, comme il l'écrit à Jefferson le 22 : « Parür d'ici aurait l'air d’une protestation contre la Révolution, et, non seulement je ne suis pas autorisé à cet égard, mais je suis obligé de supposer que si la grande majorité de la nation adhère à la nouvelle forme, les États-Unis l’a reconnaitront, premièrement parce qu'ils n'ont aucun droit de prescrire à ce pays le gouvernement qu'il doit adopter, et secondement parce que la base de notre Constitution est pour le peuple le droit inéluctable de l'établir ?. » Il restait aussi certainement pour assister aux scènes qui allaient se passer sur ce théâtre tragique. Ge n'est pas que le milieu fût sans danger pour lui, comme Talleyrand le lui avait déclaré : il était bien ambassadeur, et le nouveau gouvernement le considérait comme tel, bien qu'il eût été accrédité auprès du roi; les nouveaux gouvernants avaient tout intérêt à ménager, pour le conserver, cet ambassadeur unique. Mais il avait été conspirateur, il faut le

1. T. IL, p672, MT, p'572, 5947