Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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reconnaitre, et ses complices se cachaient et passaient à l'étranger, comme Malouet et Brémond, ou étaient emprisonnés; comme Montmorin. Dans la note aux princesses, de 1796, il dit : « D’Angrémont fut pris et sacrifié, mais il eut le courage de se taire. À force d'argent on trouva le moyen de faire évader les uns et de cacher les autres !. » |

IL faillit être atteint : il fut l'objet d'une de ces visites domiciliaires qui remplirent les prisons dans les derniers s jours du mois d’août, réunissant, dit Malouet, les victimes pour les prochains massacres. Morris note le 30 : « Il y a eu dans la ville une perquisition générale pour saisir les armes et. Je présume, les personnes ?. » La veille il avait du monde à diner : « Dans la soirée une troupe entre chez moi avec un ordre pour visiter ma maison et chercher des armes qu'on dit y être

cachées. Je leur dis qu'ils ne visiteront pas: qu'il n'y a pas d'armes et que, s'il y en avait, ils ne les toucheraient pas: J'insiste pour qu ‘ils saisissent le dénonciateur afin que je puisse le faire punir. Je suis obligé d’être très péremptoire et, à la fin, je me débarrasse d'eux. La scène finit par des excuses de leur part. » Elle n'est pas finie cependant, car il continue : « Après qu'ils sont partis arrive M. S'-Croix (sic).

C’est un heureux homme. Il était caché, mais l'ordre de visiter toutes les maisons l’amène ici. Nous aurons, semble-t-il une autre visite cette nuit. » M. de Sainte-Croix était l'un des derniers ministres de Louis X VI « un ministre de huit jours » comme dit Morris. D'ailleurs, le lendemain tout va bien, ca il ajoute : « Le commissaire qui est venu me voir aujourd’hui m'a fait force excuses, et il a pris note de ma réponse, de sorte que nous nous sommes quittés bons amis *. »

Puis c'est l’horrible tache de sang des massacres de Septembre: Ils n'étaient point imprévus; la possibilité en avait même été entrevue de loin. Qu'on se rappelle ceux qui en novembre 1789 déclaraient à Morris que, si les troupes autrichiennes entraient en France pour rétablir l’ordre, les Parisiens assas® sineraient le roi et la reine. D'une manière plus précise et à

TI, p. 580. 3: T. Ip. 579. + T. IL, p. 218. Ci-dessus, p. 251.