Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LA RÉPUBLIQUE; LA CONVENTION 207

une date plus rapprochée, Mallet du Pan, dans le Mémoire, remis en juillet 1792 aux souverains étrangers, signale le danger, qu'il croit à tort diminué par la déclaration de guerre émanée de la France. Il craint surtout l’action des émigrés : « Le roi désire que, par un concours offensif et trop distinct, leur participation à la guerre actuelle ne lui fasse point perdre le caractère de guerre étrangère, faite de puissance à puissance. » Il ne veut pas l'alliance de la guerre étrangère et de la guerre civile: ces deux fléaux « s’étendraient de la manière la plus alfreuse sur trois cent mille familles dispersées au milieu d’un peuple frénétique ; ils mettraient en danger les jours du roi, ceux de la reine et de la famille royale; ils feraient renverser le trône, livrer la propriété au pillage; ils feraient égorger les royalistes, les prêtres restés dans le royaume et menacés ; ils rallieraient aux Jacobins les révolutionnaires moins forcenés.… La première nouvelle d’une action entre les royalistes exclusivement et les troupes de l’Assemblée nationale serait le prétexte de nouveaux forfaits, le signal d’une boucherie dans tous les lieux où les clubs dominent les autorités administratives. En attirant eux-mêmes les armées étrangères sur le royaume, les Jacobins ont affaibli l'opinion que cette invasion résultait des efforts des émigrés. Le peuple des départements a cessé de dire qu'il massacrerait et pillerait les adhérents de ceux que les siens allaient combattre à la frontière. L'approche prématurée des royalistes du dehors. redonnerait à ces dispositions populaires toute leur énergie !. »

Morris, lui, relève les causes prochaines, les précédents immédiats. Le 25 août: « Un autre homme est décapité ce soir pour crime de lèse-nation ? », et il ajoute : « Si Verdun se rend, comme a fait Longwy, les troupes étrangères seront bientôt ici. » Le 30, il écrit à Jefferson : « Je ne me suis pas oflensé de ce qui est fait par le peuple, parce qu'on ne peut supposer qu'il comprenne le droit des gens, et parce qu'ils sont dans unétat de furie qui est inconcevable, qui les rend sensibles à toutes les impressions et capables de tous les

1. Mémoires, 1. 1, p. 439, 4ho, hha. — 2. T. p.578: mn U7