Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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excès !. » Là-dessus les mauvaises nouvelles des armées pleuvent, vraies ou fausses. Le 2 septembre même, Morris est sorti avec Mme de Flahaut : « À notre retour nous entendons, ou, plutôt, nous Yoyons une proclamation. Elle s’en enquiert eb apprend que l'ennemi est aux portes de Paris, ce qui ne peut être vrai. Elle se trouve mal, étant affectée du sort de ses amis. Je remarque que cette proclamation répand la terreur et Le désespoir parmi le peuple. Cette après-midi on annonce le meurtre des prêtres qui sont enfermés aux Carmes. Puis ils vont à l'Abbaye et yÿ massacrent les prisonniers. C'est horrible 2. »

De jour en jour se suivent les lugubres notes : « 3 septembre. Le massacre continue toute la journée. On me dit que huit cents personnes environ y sont comprises. » — « 4 septembre. Les meurtres continuent encore. A Bicètre les prisonniers se défendent et Les assaillants cherchent à les étoulfer et à les noyer... On dit qu'aussitôt que les prisonniers seront démolis, la bande actuellement occupée. à leur exécution a l'intention d'attaquer les boutiques. » — « 6 septembre. Au jourd’hui rien de nouveau. Les meurtres continuent et les magistrats jurent de protéger les personnes et les propriétés *. > Le -r0 il raconte les événements à Jefferson : « Nous avons eu une semaine de meurtres non réprimés, où quelques milliers de personnes ont péri dans cette ville, Cela a com= mencé par des membres du clergé qui avaient refusé de prêter le serment prescrit par la loi. De là ces exécuteurs d’une juslice expéditive furent à l'Abbaye, où étaient enfermés ceux qui élaient à la Cour le 10 (août). Hier les prisonniers amenés d'Orléans furent mis à mort à Versailles. Le massacre commença vers cinq heures de l'après-midi le dimanche 2 de ce mois. » Il mentionne parmi les victimes la princesse de Lamballe, M. de Montmorin, le duc de La Rochefoucauld, arrêtés et tués en chemin. Il ajoute que le projet était de massacrer tous ceux qui avaient signé la pétition demandant la destitution du maire de Paris après le 20 jun: « Cette mesure cependant paraît abandonnée (au moins pour le prés

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