Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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LA RÉPUBLIQUE; LA CONVENTION 259

sent) : mais comme il n'y a pas ici en réalité de pouvoir exéeutif, le plan pourrait facilement être repris, si cela cadrait avec les vues de ceux qui ont la confiance de cette partie du peuple qui agit maintenant!. »

Mais comment expliquer que pendant ces journées fatales la municipalité, le département, le Conseil exécutif provisoire ne soient pas intervenus ? C’est une inaction que rien ne peut

:ustifier. Morris semblait prévoir ces faits lorsqu'il écrivait à

Washington en décembre 1791 : « Vous n'avez pas idée, cher Monsieur, d’une organisation sociale aussi relächée. L’Amérique, à ses plus tristes jours, était beaucoup meilleure parce que la loi pénale était appliquée sans parler de la douceur de nos mœurs?. » Il aurait pu se rappeler cependant qu'aux États-Unis la loi de lynch n'était pas inconnue ; elle sévit encore en particulier contre les nègres dans les États du Sud.

D'ailleurs, selon Morris, les hommes qui gouvernaient dans ce mois terrible, paraissaïent avoir perdu la tête: « Le 5 septembre. P... me dit que le ministère et les comités secrets sont abasourdis.… L’évèque d’Autun me dit qu'il a vu un des membres de la Commission extraordinaire, c'est-à-dire du comité secret, qui lui déclare qu'on est dans le plus imminent danger. On m'a dit qu'un des principaux Jacobins a exprimé ses craintes, ou plutôt son désespoir, non pas tant en considération de l’ennemi mais à cause de leurs divisions intestines#. » Le lendemain, nouvelle confidence de Talleyrand: « Il me dit qu'il est persuadé que ceux qui gouvernent maintenant, ont l'intention de quitter Paris et d’emmener le roi avec eux; que leur intention est de détruire la ville avant de la quitter. J'apprends que la-Commune a fermé les barrières, parce qu'elle soupçonne que l'Assemblée a l'intention de se reürer'. » N'y a-t-il pas là comme la lueur anticipée des incendies que devait allumer la Commune en 1871)

— 2, T. I, p. 498 — $. MI" p.582: