Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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une lettre à Washington. du r4 février 1793, il dit: «La nouvelle Constitution n'a pas encore fait son apparition ; mais il est aisé de conjecturer ce qu’elle ne sera pas !. » Lez mars dans une lettre à Jefferson : « J'ai oublié de vous mentionner qu'un projet de Constitution a fait l'objet d'un rapport à l’Assemblée. Un papier de cette espèce a été lu en effet à la Convention ; mais j'ai appris le matin suivant que pendant la nuit on avait tenu un Conseil qui l’avait condamnée: aussi je n'y ai plus pensé ?. » Le rapport, qui est de Condorcet, méritait cependant l'attention de Morris. Quant au gouvernement révolutionnaire proprement dit, bien que fixé par des lois, c'était l’omnipotence de la Convention, c’est-à-dire l'opposé d’une Constitution.

IV

Morris n’a pas étudiéà fond et dans le détail la Convention, comme il avait étudié l’Assemblée constituante et l’Assemblée législative. Il ne connaissait pas directement les hommes qui y siégeaient; on pourrait dire qu'ils n'étaient pas de son monde.

De plus il’ se fait de la grande Assemblée une idée simpleet résumée, qui d’ailleurs ne manque pas de vérité. Il se la repré= sente comme une masse amorphe, qui est pétrie et poussée dans un sens ou dans un autre par certains hommes, représentant autant de factions. Pour employer une autre image, c’est pour lui le chœur de la tragédie antique devant lequel viennent parler et agir les véritables acteurs du drame; avec cette différence qu'elle ne se contente pas, comme le chœur antique» de se lamenter ou de se réjouir sur les péripéties qui se déroulent devant ses yeux, mais qu’elle vote et prend les décisions. En face de la Convention se dresse une autre lorce; la ville et la Commune de Paris, qui, s’alliant à telle ou telle faction, lutte contre l’Assemblée, la domine ou est vaincue

par elle.

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