Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

27h GOUVERNEUR MORRIS

tranchée entre la ville et la Convention. Naturellement cela fournit à ceux qui sont opposés à la Convention bien des moyens d'agir sur le peuple... Il est probable, par suite, que cette garde sera une des raisons qui peuvent faire quitter cette ville à la Convention et cela imprimerait un choc sérieux en bien des sens. Il est à noter aussi que lorsqu'ils en arriveront au rapport sur une forme de gouvernement, l'opposition trouvera de grandes ressources dans les opinions de la majorité, quelles qu'elles soient. »

À la même époque il écrivait à Robert Morris ce passage. suggestif: « Le 10 août a tout bouleversé dans cette ville: mais alors même que j'eusse prévu les événements de cette journée, j'aurais suivi la même ligne de conduite. La semence jetée libéralement doit produire quelque chose et je crois avoir maintenant d'assez bons renseignements sur les desseins des deux partis qui sont à couteaux tirés dans ce pays !. >»

Le 21 décembre 1792 il écrit à Jefferson : « Les Jacobins, ayant derrière eux la populace parisienne, ont été plusieurs fois à deux doigts de leur perte. Heureusement pour eux, leurs adversaires sont timides pour la plupart, tandis que les chefs des Jacobins sont audacieux et déterminés. Une circonstance dernièrement a permis de compter les forces respectives, Les Brissotins, se voyant rudement poussés à mettre le roi à mort et redoutant, non sans raison, que cela fût le signal de leur propre perte, eurent recours à une mesure très hasardeuse, mais décisive. C'était l'expulsion des Bourbons, un coup dirigé originairement contre le duc d'Orléans. La motion fut enlevée, mais la Convention a été obligée de suspendre le décret, ce qui équivaut, je crois, à un rappel. Beaucoup de membres ont parlé de quitter Paris, mais la même crainte qui les domine lorsqu'ils sont dans la ville les empêchera de la quitter; telle est, du moins, mon opinion. »

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2. T. IL, p. 9. Cette expulsion fut décrétée dans la séance du 56 décembre 1792. Ce fut Buzot qui en fit la proposition, mais elle fut appuyée par un grand discours de Louvet dans le goût de l’époque, sur l'exil des Tarquins. Cela parut vite suspect, parce qu'on statuait ainsi sur le sort des

Bourbons en général, avant de procéder au jugement de Louis XVI, et dans >