Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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un dangereux compétiteur. Maintenant il semblerait que la grande route va passer par le Comité de salut public. Robespierre a été le plus consistant, sinon le seul consistant. C’est un de ceux dont le César de Shakespeare parle à son gai compagnon : « Il n'aime pas les jeux comme tu fais, Antoine, » Îl n’y a contre lui aucune imputation de corruption. Il est loin d’être riche et encore plus de le paraître !. » A la fin de sa lettre il revient sur la chute de Danton : « Il y a eu d’abondantes exécutions et la guillotine joue vivement. Avant que le coup fût porté c'était une question très douteuse que de savoir quel parti était le plus fort. Peut-être la victoire dépendait-elle du premier coup. Danton, lorsqu'il fut condamné, un peu avant, dit à ses juges qu’il avait observé en lisant l'histoire que les hommes périssent généralement par les instruments de destruction qu'ils ont créés eux-mêmes. « J'ai, « dit-il, créé le tribunal révolutionnaire qui va bientôt causer « ma perte. » Shakespeare, ily a longtemps, avait fait prononcer à Macbeth la même terrible sentence contre les ambitieux pervers. »

C’est la dernière grande catastrophe que Morris ait notée. Il constate seulement en ‘passant et après coup la mort de Robespierre. Mais à l'étranger il note encore, en 1795, les dernières péripéties de la lutte des partis sous la Convention. Le 19 avril 1795, à Altona, où il a retrouvé Mme de Flahaut : « Elle me dit qu'elle est avertie que Paris sera bientôt le théâtre de grandes commotions. D'après des nouvelles qui remontent au 27 du mois dernier, ils sont réduits à quatre onces de pain par jour? » Et le r juin: «& J'apprends par Mme de Flahaut qu'il y a eu une émeute à Paris, dans laquelle les Jacobins ont eu l'avantage le 22 maiet le 23 l’Assemblée était complètement victorieuse. Il semble que les Jacobins ont eu quelque temps le dessus, mais que finalement ils ont été écrasés et que la Convention était pleinement en train de les détruire. Barère et Compagnie éprouveront le même sort. Ainsi la divine justice désigne une à une ses victimes et lous périront l’un par l’autre. La famine fait toujours

CNET Go IT I p. 83.