Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LA RÉPUBLIQUE; LA CONVENTION 291

pas cela; mais J'incline à penser qu'elle peut avoir quelque effet sur cette armée qui se meurt déjà de besoin et qui va s'émietter. »

Il a flétri naturellement la Terreur, et elle lui a inspiré un remarquable dictum de science politique : « C’est une phrase emphatique à la mode parmi les patriotes que la Terreur est x l'ordre du jour : quelques années se sont écoulées depuis que Montesquieu écrivait que le principe du gouvernement arbitraire est la crainte !. » L'application était juste et frappante. 11 n’est pas douteux que le gouvernement de la Convention fut despotique et arbitraire : c'était le despotisme d’une Assemblée. Le 13 août précédent Morris avait écrit à Pinckney : « Vous désirez connaître l'état de ce pays. Il existe ici une tyrannie à la fois cruelle et capricieuse et qui n'estrestreinte ni par la pudeur ni par les principes?. »

L'histoire ne doit pas oublier cependant que cet odieux procédé de gouvernement se présentait naturellement à l’esprit des hommes politiques de cette époque. Ge qui le prouve c'est qu’il fut nettement proposé au parli adverse en juillet 1792 par Mallet du Pan. Dans le Mémoire qu'il rédigea alors pour les souverains alliés contre la France, en vue d'opérer la contre-révolution et de rétablir l'autorité royale, le mot S'Y trouve et la chose aussi : « Envers cette majorité, disaitl, la sagesse conseille l'emploi simultané de la terreur et de la confiance. De la terreur, car elle seule peut détruire les illusions dont beaucoup d’entre eux persistent à s’étourdir, inspirer : quelque courage aux âmes faibles que la peur des Jacobins ou l'habitude redonneraient à la faction dominante, s'ils ne se voyaient pas à la veille de périr ; faire une impression pro-. fonde sur des esprits flottants ou séduits par des erreurs, en leur montrant le dernier jour des chimères; balancer chez d’autres le faux point d'honneur, qui les entraîne encore à la défense de la Constitution, et surtout enlever aux Feuillants l'espoir, sur lequel ïls ont porté toutes leurs vues depuis six mois, de-se mettre en état de faire un accommodement les

II, p. 53. Lettre à Washington, du 18 octobre 1793. I

1. TS p2. TL pr