Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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armes à la main, et de finir par une capitulation. La confiance soutiendra la terreur‘, » Un peu auparavant, parlant de « la tête et d’une partie des Jacobins », il avait dit : « La force se montrera donc à leur égard dans l’appareil le plus menaçant. Le manifeste considérera ces corporations, qui font le scandale et l'horreur des trois quarts de la nation, comme des sociétés d’excommuniés auxquelles on ne laisse aucune espérance d'échapper, ni de grâce pour leur doctrine. La vie sauve est le seul prix qu'on puisse promettre à ceux d’entre eux dont le fanatisme ou l’égarement n'ont pas commandé des forfaits et quiquitteront les drapeaux de leurs indignes chefs. »

Et lorsque la Terreur rouge se fut réalisée, Mallet ne changea point d'opinion et c'est en quelque sorte une apologie de la Terreur qu'on trouve dans le Mémoire sur la Révolution qu'il adresse à lord Elgin le 20 novembre 1793: « On n'a jamais assez compris que la terreur est un: agent nécessaire de toute révolution; c’est la terreur que reçoivent les factieux qui cimente leur union ; c’est la terreur qu'ils renvoient qui cimente leur puissance. C'est ainsi que se. fait une ‘révolution : c’est ainsi que les chefs de la Révolution française ont réussi à la consolider, en employant constamment les moyens de terreur qui ont été en leur puissance ?. » Et plus loin : « On ne peut s’imaginer communément qu’un gouvér= nement dure au milieu de tant de violences et de tant de crimes : mais c’est faute de n'avoir pas assez consulté l’histoire des nations. Qu'on ne s'y méprenne pas. Les férocités sont la marche passagère, mais inévitable d'un pays qui à déplacé tous les anciens pouvoirs, toutes les anciennes instiltu= tions, et qui à besoin de la violence pour vaincre toutes les résistances qu'il éprouve, et de la terreur pour prévenir toutes les résistances qu'il craint °. »

Morris n’a point trop sévèrement jugé le Tribunal révolu= tionnaire. Il écrit à Jefferson le 7 mars 1793 : « Pour éviter, s’il est possible, les massacres du 2 au 8 septembre dernier,

1, Mémoires, t. [, p. 437. — 2. Mémoires, t. I, p. 4oG. 3. Mémoires, t. [,p. 4x2.