Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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un tribunal. appelé Tribunal révolutionnaire, a élé organisé avec des pouvoirs très larges et très étendus. C'est un de ces instruments dont les opérations sont incalculables et de la direction desquels dépend le sort du pays" » Le r8 octobre 1793: après la condamnation de la reine, il est plus sévère : « Le Tribunal révolutionnaire établi 11 pour juger les gens d'après leurs principes généraux (on general principles) donne un champ sans limite à l'arbitraire”. » Plus tard, sorts. de France, il revient sur ce sujet à propos d'un fait précis qu'il constate : « M. Crauford (18 avril 1798) me dit que le duc de Biron vint ici déguisé pour requérif que le Roi de Prusse rétablit le Roi de France. Peut-être fut-ce cette visite qui le conduisit à la guillotine. Il n'est pas improbable en effet que, parmi tant d’exécutions quiteurent lieu sous ce qu’on a appelé le règne de Robespierre, quelques-unes étaient justes. Dans Je cas dont il s’agit, le Comité (de salut public), convaincu de Ja trahison du due, a peut-être trouvé impossible, ou, tout au moins, grandement impolitique, d'en fournir la preuve *. » Chez un Français ces appréciations n’étonneraient pas. Comme M. Sorel l’a montré, étant donnée la tradition française d’après laquelle depuis le xvi° siècle presque tous les procès politiques étaient jugés par des commissaires choisis à cet effet pour chaque affaire, la création du Tribunal révolutionnaire n'avait rien d'étonnant. Il présentait en définitive plus de garanties que les Commissions anciennes. Cela étonne davantage chez un Anglo-Saxon. Somme toute, celui qui a le mieux apprécié cette institution, c’est Michelet : « Le Tribunal révolutionnaire avait toujours existé en France : c’eslà-dire la raison d'État avait toujoufs dominé le droit. On peut dire même que les tribunaux révolutionnaires de l’ancien régime étaient plus choquants par Ja légèreté aristocratique des juges et l’atrocité des peines. fout cela était vraiment horrible. Il manquait là cependant une laideur qui vint plus tard : un jury populaire. Ge grand peuple, qui a été le doc teur et le pape du droit au xvr° siècle, qui a retrouvé, promulgué au xvin* la Loi pour toute la terre, n'en à pas moins

LA RÉPUBLIQUE; LA CONVENTION 293

br. T. II, p. 4o.— 2.1. II, p, 53.— 3. D. IT, p. 354, 286.