Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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un organe faible, quelque peu atrophié et qui ne revient pas bien, le sens de la justice criminelle et civile!. »

Quant au gouvernement même de la Convention, sauf son caractère despotique et arbitraire, Morris ne l’a point étudié de près. IL a constaté la prépondérance complète du Comité de salut publie et ses rivalités partielles avec le Comité diplomatique?; mais c'est tout. Cependant on peut relever qu'au mois d'août 1795, alors que c’est la Convention qui gouverne encore il parle de Ja direction des affaires étrangères, comme d'un Cabinet. I écrit à Washington de Wimbledon le 23 août 1799 : « Les cabinets français et prussien cherchent à mettre le Turc en action et s'ils y réussissent cela tournera probablement à son désavantage ; mais cela leur est indifférent pourvu qu'il fasse une diversion puissante quant aux forces qui sont

actuellement employées contre la France et quant à celles qui

menacent la Prusse #. » Quantaux ministres il est un peu plus explicite. Nous avons relevé quelques-unes de ses observations sur Lebrun, Clavière, Pâche. Mais surtout il a noté soigneusement les débuts et le dernier état du pouvoir ministériel sous la Convention. Il attribue au Conseil exécutif provisoire en décembre 1792 une influence prépondérante, dans ce passage surprenant déjà noté : « Les ministres disposant de plus de places (patronage) qu'aucun monarque depuis Louis XIV, ont assuré par ce moyen leur influence sur la majorité, leurs amis, et sur les Jacobins “. » Il montre au contraire les membres des Commissions, qui avaient remplacé les ministres, comme des créatures sans aucun pouvoir, instruments dociles du Comité de salut public. Le ro décembre 1794 il dépeint à Washington le commissaire des Relations extérieures comme « une pauvre créature qui osait à peine se moucher sans un ordre du Comité de salut public5 ». 1 Ici encore Mallet du Pan fournit des renseignements bien plus riches et précis. Il a montré comment le gouvernement du Comité de salut public a été un véritable gouverne ment, despotique, arbitraire, mais effectif et énergique. Cela

1. Histoire de la Révolution française, édit. Marpon, t. IX, p. 57, en me 2. Ci-dessus, p. 262.— 3. T. Il,p. 116.— 4. T. IL. p. 8.—5. T. Il, p-7°-