Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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LA RÉPUBLIQUE; LA CONVENTION 295

ressort de la masse des documents publiés par M. Aulard, des innombrables dépêches émanées de ce Comité, où le travail était si intense et si prolongé que généralement la signature ne s'y faisait que vers deux heures du matin, comme Carnot l'a dit à la Convention ?. Voici quelques traits du tableau extraordinaire que Mallet présente à lord Elgin le 1°* février 1794. Ce qu'il constate d’abord c'est que l'anarchie administrative, créée par la Constituante, aggravée par les événements postérieurs, à cessé. Le Comité commande effectivement à la France: « IL a légalisé sa tyrannie, la rendue méthodique par l’adoption du gouvernement révolutionnaire. De ce moment la puissance populaire s’est anéantie ou du moinsse trouve entièrement suspendue. Les Assemblées électorales, les administrations de district, les municipalités ont disparu : le pouvoir des directoires de département est assujetti dans chaque détail de son exercice ?. » — « Insensiblement et graduellement depuis quatre mois, il s’est donc formé une organisation d'abord invisible, aujourd'hui régulièrement montée, indépendante de tout pouvoir populaire, en tenant lieuet recevant son existence comme sa conservation des chefs du Comité de salut public; à force de placer et de déplacer, on.est parvenu à trouver des hommes! capables et bien prononcés, soit dans les armées, soit dans les administrations *. »

Les représentants en mission se présentent au peuple comme des maitres: « Les commissaires départementaux ont pris l'appareil, la représentation, le langage des pachas... Le même esprit, les mêmes formes extérieures, distinguent proportionnellement les agents sous leurs ordres. En un mot, ci-devant, les ministres de la puissance nationale affectaient près du

1. Recueil des actes du Comité de salut publie avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du Conseil exécutif provisoire, publiés par F.-A. Aulard, t. XVI. Le t. XVI va jusqu'à la fin de lan I,

>. Convention nationale, séance du 3 germinal an II (Réimpression de l'Ancien Moniteur, t.'XXIV, p. 50): « Le nombre des affaires montait ordinairement à quatre ou cinq cents par jour. Chacun expédiait lui-même ou faisait expédier dans ses bureaux celles qui étaient attribuées à sa compétence et on les apportait à la signature ordinairement vers les deux ou trois heures du matin, »

3, Mémoires, t, IL, p. 3. — 4. Mémoires, t. U, p. 5.