Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

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informations certaines, que la république est plus riche et met en dehors plus de ressources que tous les souverains de

la coalition réunis; car ici, c’est la richesse nationale d’un empire, et l'accumulation des richesses depuis un siècle dans cet empire, qui se battent contre:les faibles revenus de quel ques princes!. »

Voici enfin son jugement d'ensemble : « Jusqu'à présent le Comité de salut public n’a point menti à son titre: il n'en a même pas méconnu les devoirs: il a porté dans leur exercice une application soutenue, une infatigable activité, des talents couronnés par des succès, un esprit de suite, de combinaison et d’audace réfléchie. Les expédients atroces dont il se sert depuis cinq mois pour soutenir le fardeau, n’ont révolté que ceux dont ils n’ont rien à craindre?. »

VI

Ce que Morris réprouvait et détestait le plus dans la marche de la Révolution c'était l’influence croissante de la populace dans et sur le gouvernement. Nous l'avons vu noter avec horreur les actes sauvages et sanglants de la populace pari= sienne, depuis le meurtre de Foulon jusqu'aux massacres de Septembre ; mais il a marqué également le rôle politique qu'elle jouait partout.

« Les chefs des Jacobins sont violents, écrit-il à Washington en février 1792, d'abord parce que les Quatre-vingt-neuf ne se joindraient pas à eux sincèrement et cordialement ; par suite ils furent obligés de se servir de la populace et par suite encore de sacrifier à la populace?. » Après le ro août 1l expose à Rufus King « qu'un exécutif sans puissance a été rendu responsable des événements et qu'une législature composée d'une seule chambre de représentants avait toutes les garanties et n’avait d'autre contrôle que certaines maximes écrites sur le papier et l'opinion populaire; que le peuple, ou plutôt

1. Mémoires, t, Il, p. 21. — 2. Mémoires, t. I, p. 58-09. 3 T.-i, p. 5o2.