Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

\ ‘ i "5 316 GOUVERNEUR MORRIS

mais quels efforts convulsifs pourra-t-elle encore faire, cela paraît incertain !. »

IL voit dès lors toutes les conséquences de cette condition et combien la France est à la merci de ses armées. Le 16 mai 1797 (Floréal an V) il écrit à la comtesse de Sutherland : « Votre ennemie (la France) ne peut pas employer contre vous cette force dans laquelle elle excelle et je pense que de longtemps elle ne pourra pas vous attaquer sur votre propre élément. Le retour de ses armées ne rendra pas peu perplexes ses Conseils, et si elle peut réussir à en licencier la plus grande part, elle sera par là même réduite à prêter l'oreille aux besoins de ses propres citoyens et à l'intervention amicale de cette puissance qui doit commencer à la regarder d’un œil jaloux ?. »

Le 20 septembre 1597 (jour complémentaire de l’an V), le Journal apprécie ainsi les journées de fructidor : « Les nouvelles de Paris confirment l’existence d’un complot, naturellement: elles confirment aussi l'établissement d’un pouvoir dictatorial au profit du Directoire. Le Rump parliament déhibère sous la pression des baïonnettes. Qu(æstio) : « Combien « s’écoulera-t-il de temps avant que l’armée renvoieles Direc« teurs *? » Le 22 septembre suivant (1*'vendémiaire an VI) il écrit à lord Elgin :-« La Révolution française a fait un pas de plus vers sa conclusion. Dans peu de temps ils auront terminé le cycle (l'évolution). En attendant, ils se mettent à engendrer de jeunes républiques, qui, comme les petits chiens, sont aveugles en naissant, mais qui peuvent aboyer et quine manqueront pas de mordre lorsque le moment viendra, si elles ne sont pas étranglées. Que ceux-là prennent donc garde, dont les jambes seront sur le passage ‘. » La conclusion de la Révolution, c'était l'Empire ; le dernier terme c'était Bonaparte, que Morris, comme nous le verrons, avait prédit bien auparavant. Le Directoire préparait son avènement, inconsciemment et involontairement, de même qu'il préparait, malgré ses fautes et sa mauvaise politique, les vic-

2. TI, p. 145, — 2. T. IL, p. 297. ST p 301 — LT p. 302.