Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LE DIRECTOIRE, LE CONSULAT ET L’EMPIRE 347

accueil favorable et, après s'être compromis par cette déclaration sanguinaire, il excitera l'indignation en y conformant ses actes, ou le mépris en s’en désistant!. »

Le 14 novembre 1796, il commence à critiquer vivement les opérations militaires du jeune général, car il prétend se connaître en stratégie comme en politique. « Hier nous avons appris que les armées autrichiennes s'étaient avancées vers. l'Italie, aujourd’hui arrivent deux courriersdont l’un apporte la nouvelle que Davidovitch a battu les Français le 7 après une lutte acharnée, un peu au delà de Trente et leur a pris un millier de prisonniers et cinq pièces de canon. L'autre annonce qu'Alvinzi (après avoir battu les Français le 7, ce qu'on annonçait dès hièr) marche sur Vicenza, que l'ennemi avait abandonné en se retirant sur Montebello, qui est, à ce que je comprends, un point très important et où probablement M. Bonaparte attendra l'ennemi. Si, comme il est probable, ses forces sont déjà fort diminuées par la maladie, il aura probablement le sort habituel des armées françaises. au delà des Alpes?. » Le 26 novembre 1796, il cherche à diminuer l’importance et le mérite de la victoire remportée par Bonaparte sur Alvinzi . Il attribue également la victoire de Lodi aux fautes de ses adversaires et termine ainsi « Bonaparte commit là une faute capitale. Au lieu de pousser en avant à la poursuite de Beaulieu, il tourna à sa gauche et vint humer à Milan l’encens de ses victoires, gagnées en réalité non par l'habileté du général, ni même ni par la vigueur de ses troupes, mais par la faiblesse et la poltronerie de ses adversaires *. » Enfin il produit contre Napoléon une accusation formelle de lâcheté. Il rapporte à cet égard une conversation qu'il eut avec le comte d’Aspre le 30 mars 1798. Celui-ci après avoir parlé des généraux Werneck et Mack en vint à Bonaparte : « Il me dit qu'il a été assuré par des officiers français que Bonaparte manque de courage et que dans la grande affaire où il remporta sur Alvinzi une si miraculeuse victoire, il avait déjà convoqué un conseil pour considé-

1 D peuyr 2, LL. p227e 3. T. Il, p. 229, 280. — 4. T. IL, p. 314