Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

LE DIRECTOIRE, LE CONSULAT ET L'EMPIRE 357

articles 2 et 3 étant omis, la convention doit être consisidérée purement et simplement comme un traité de paix. La préexistence de la guerre est admise et cette admission met fin aux traités et aux demandes de restitution et d’indemnité. Rien ne peut rendre les choses plus claires que de garder sur ces points un silence complet. Nos négociateurs ont pétri à la hâte un traité, parce qu il devait Y avoir une pax g oénérale, et vous, mon bon ami, vous pensez que nous devons l’ayaler parce qu'il y aura une guerre générale. J'ai saisi promptement l’occasion de délanes au Sénat que nous n'avons poinl besoin de précipiter l'affaire, parce qu'à mon avis il n’y aura pas de paix générale. Les circonstances s’empressent d'appuyer ma conjecture. Sans aucun doute, le Premier Consul, si les dés lui sont défavorables, acceptera notre offre. S'ils lui sont favorables, il peut la rejeter comme en de pareilles circonstances, il peut briser des liens de loiles daraignée. Toute sa conduite est un commentaire sur ce texte. »

Le Sénat adopta à peu près les vues de Morris. Le traité amendé, dont l’article 2 renvoyait à une convention postérieure (qui ne devait point intervenir) les deux questions controversées, fut ratifié par Bonaparte et Morris écrivait à ce sujet le 5 octobre 18or, à son ami John Parish, alors à Londres : « Je suppose que vous n'avez fait attention à ces amendements qui, peu importants en apparence, ont le grand et salutaire effet de mettre fin à notre alliance intime avec la France, et qui, naturellement, nous laissent sur un pied de parfaite égalité avec toutes les nations. Il est vrai que nous le payons par l'abandon de notre demande en indemnité pour les dommages causés à notre commerce; si l’on peut soutenir que cette demande a quelque valeur. J'en conclus que les affaires du Premier Consul ne sont pas très brillantes. Sans cela il n’eût pas lâché la prise qu'il avait sur nous ; bien que nous ne soyons qu'une plume dans la balance du pouvoir, lorsque cette balance est presque en équilibre le poids d’une plume est quelque chose ?.

L'autre affaire est la cession de la Louisiane par la France

T. IE, p. 4oo. — 2. T. Il, p. 4og.