Gouverneur Morris : un témoin américain de la Révolution française

MORRIS RENTRÉ AUX ÉTATS-UNIS 373

regarder plutôt dans la tête et dans le cœur que dans les poches. Peut-étresserait-ce gratifier une curiosité louable que de dire ce que j'ai découvert; mais je dois m’en taire pour éviter le reproche de partialité — d'autant plus que ce que j'ai fait fait connaître suffisamment mon opinion. Lorsque nous aurons le plaisir de vous voir à Morrisania, vous approuverez peut-être mon choix et vous pouvez être assurée que je suis comme toujours votre affectionné. Morris‘. »

IL

Rentré dans son pays, et surtout entré dans sa retraite, Morris devait naturellement reporter sur la politique des États-Unis cette crilique et celle science qui s'étaient exercées si longtemps sur la politique de la France.

Îci encore sur certains points sa clairvoyance éclate plus prophétique que jamais. À peine a-t-il en quelque sorte, foulé de nouveau le sol de sa patrie qu'il annonce cette mer veilleuse puissance des États-Unis, telle que nous l’admirons aujourd'hui : « Le plus fier empire de l'Europe n'est qu'une bulle de savon comparé à ce que sera, à ce que doit être l'Amérique dans le cours de deux siècles — peut-être d’un seul. Il y a quarante ans toute l'Amérique ne pouvait pas, sans lettres de change, réunir un million de dollars pour se défendre contre un ennemi qui était à ses portes. Mainte—. nant dans une paix profonde, les impôts versent au trésor, sans peine ni cflort, au delà de dix millions. En 1760 iln'y avait peut-être pas dans le pays un million de dollars espèces ; à présent les banques de Philadelphie ont plus de dix millions disponibles au delà de la demande... Si nous progressons avec une proportion non pas sextuple, mais quadruple, pendant deux périodes de vingt ans, commençant avec deux millions de livres sterling, nous aurons en 1820 huit millions et en 1840 plus de quarante millions de revenu, levés

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