Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

CHAPITRE PREMIER

HENRI IV, L'ÉDIT DE NANTES ET SON OBSERYVATION JUSQU'A LA MORT DE MAZARIN

(1598-1661)

S 1. Silualion de la France à l'avènement de Henri EV, sa pensée polilique el sa conception de la liberté de conscience. —S$ 2. L’Édit de Traversy et l'Édit de Nantes. — $ 3. Accueil fait à l'Édit par l’opinion eb par les Parlements et Édits complémentaires. — K 4. Observation de l'Édit (1598-1617). — $ 5. Troubles et violences (1613-1629). $ 6. L'Édit observé (1629-1661). — $ 7. Influence sur la paix el prospérité publiques.

S 1. — II faut se représenter l'état déplorable où Henri LIT laissa le royaume à sa mort pour mesurer la grandeur de la tâche accomplie par Henri IV. Voltaire a le premier salué un héros, au sens antique du mot, dans ce roi qui, après avoir conquis sa couronne à la pointe de l'épée, estimait peu sa gloire auprès de la paix et du bien-être assurés à ses plus humbles sujets. Si la Henriade est une médiocre épopée, elle est grande par le témoignage rendu à ce souverain vraiment libéral. La France en 1589 était divisée en deux camps ennemis, entre lesquels il ÿ avait guerre, et guerre pour la cause, qui, touchant les biens les plus précieux des hommes, leur conscience el le salut de leur âme, avait le don de les passionner au plus haut degré. Depuis près de trente ans, catholiques et protestants se combattaient les armes à la main, les injures à la bouche; dans chaque province, les prèches étaient troublés, les églises saccagées, les villes assiégées, les vaincus expulsés ou massacrés ; les campagnes, dévastées par la guerre et désertées par le paysan, restaient en friche, le commerce était interrompu par les bandes de soldats qui rançonnaient les voyageurs sur les routes, le trés