Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

18 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

Ainsi, ne pouvant plus recourir à la force pour convertir les hérétiques, le clergé allait essayer la corruption vénale. Quelle idée se faisait-il donc de la conscience €N Supposant qu'elle se donnerait au plus offrant? Et quel cas pouvait-il faire de quelques misérables qui se feraient catholiques pour une bouchée de pain? L'assemblée de 1602 ne se montra pas plus libérale, en demandant qu'on exclût les commis protestants des bureaux des receveurs particuliers el provinciaux du clergé (Requête de l'évêque de Nimes). Celle de 1608 chargea l'archevêque de Vienne de se plaindre au Roi des entraves que les Huguenots avaient apportées à l'exercice du culte catholique à Montauban, La Rochelle, Montpellier et Saint-Jean-d’'Angély.

Henri IV, après les modifications qu'il avait apportées à la première rédaction de l'Édit de 1598, üint ferme à l’observation des articles et ne fit plus aux catholiques qu'une concession, grave il est vrai par les conséquences qu'elle devait avoir. Cédant aux sollicitations de Clément VIT, il donna, en septembre 1603, des lettres-patentes pour le rétablissement des Jésuites, qui avaient été bannis par acte du Parlement à la suite de l'attentat de Jean Chatel (1594). Les magistrats de la cour de Paris, entre autres Achille de Harlay, eurent beau remontrer au roi l'imprudence qu'il y avait à laisser se reconslituer une compagnie de religieux qui, pendant la Ligue, avait fomenté tant d'intrigues, le roi passa outre et ordonna d'enregistrer les lettres le 2 janvier 1604. Henri IV, pensant qu'il était utile d'avoir auprès de Lui un Jésuite pour lui répondre de la docilité des autres, choisit l'un d'eux le P. Cotton, pour confesseur: son exemple devait être imité par lous ses successeurs jusqu'à Louis XV.

Les Réformés, pendant la même période, tünrent cinq synodes nationaux à Montpellier (1598), Gergeau (1601), Gap (1603), La Rochelle (1607) et Saint-Maixent (1609). Il s'en fallait de beaucoup que la tolérance fût entrée dans les mœurs, témoin la décision du synode général de Gap (1603), qui crut devoir ajouter à la confession de La Rochelle