Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

DE HENRI IV A LA MORT DE MAZARIN 10

un article déclarant que « le pape était l'Antéchrist annoncé par l’Apocalypse. » Il faut se transporter dans ces siècles d’intransigeance pour s'expliquer de pareilles violences de langage. Le Pape n’avait-il pas déclaré dans une audience publique donnée aux cardinaux de Joyeuse et d'Ossat (27 mars 1599), que « la liberté de conscience accordée à « tout chacun était la pire chose du monde et que ce maudit « Édit de Nantes, qui la permettait, était pour lui une aussi « grande injure que si on lui eût fait une balafre au visage ». Le légat s'étant plaint de l'article, le gouvernement du Roi intervint auprès des synodes suivants qui, sans désavouer la doctrine de Gap, renoncèrent à l’insérer dans la Confession de foi.

La faveur la plus importante obtenue par les Réformés, fut d’avoir en permanence à la Cour deux députés généraux pour défendre leurs intérêts, comme les assemblées du clergé catholique avaient leurs agents généraux. L'un devait être pris dans la noblesse; l’autre dans le tiers-état. Le roi les choisit sur une liste de six candidats présentés par l'assemblée de Saumur (1599).

Mais hélas! les menaces d'orage reparurent à l'horizon, amassées par le parti espagnol et par certains catholiques intransigeants. On entendit à Paris, pendant l'hiver de 1605 à 1606, des prédicateurs aussi violents que sous la Ligue, dénoncer le péril du triomphe de l'hérésie, par allusion à l'alliance de Henri IV avec l'Angleterre et les Pays-Bas. Des processions de Carmélites, de Capucines couronnées d'épines, organisées dans les rues de la capitale, surexcitaient le fanaüsme populaire, ce monstre à peine endormi; ceux qui avaient provoqué ce réveil du fanatisme furent sans doute stupéfaits du résultat.

À vingt ans de distance, il se produisit un nouveau régicide ; un exalté, auquel on avait persuadé que « le Roi, en « fusant la guerre au Pape, la faisait à Dieu, d'autant que le « Pape est Dieu », assassina le roi de France, croyant comme Jacques Clément faire œuvre pie en supprimant