Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

DE HENRI IV À LA MORT DE MAZARIN 29

Autant le Roi paraissait décidé à faire cesser cette agitation politique des Réformés, autant il était respectueux de la liberté de conscience, et il se faisait même de cette liberté une idée plus large que la plupart des théologiens du lemps. Lorsqu'il apprit que le synode de Charenton (septembre 1623) avait décidé d'imposer à tous les ministres les décrets de celui de Dordrecht, rendus contre les Arminiens, il en lit manifester son déplaisir par M. Galand, le commissaire royal, et comme les délégués du synode lui répliquaient que cette doctrine élait identique à la confession de La Rochelle, Louis XIIL leur fit cette réponse remarquable : « Je ne me mêle pas de juger vos doctrines, mais je n'en« lends pas qu’on fasse jurer personne sur la foy d’autruy, « ni qu'on Ôle à chacun la liberté de croire de Joy ce qu'il « voudrait!. » C’est la meilleure définition de la liberté de conscience que nous ayons trouvée avant Bayle. |

Les professeurs Cameron, de l'académie de Montauban, et Tilenus, de Sedan, étaient les organes du parti de l'obéissance aux lois politiques, « l'empire de Dieu restant entier sur « les choses de la conscience ».

Ce point de vue vraiment libéral, qui rendait à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, était aussi celui du cardinal de Richelieu, qui était entré définitivement au conseil des ministres le 4 mai 1624. Bien que ce fût un article de son programme politique de ruiner le parti huguenot, comme il voulait rabaisser l'orgueil des grands et réduire à l’obéissance tous les sujets du roi, ce fut lui qui inspira l'Édit de mars 1626, confirmant l'Édit de Nantes et accordant l'amnistie à ceux des Réformés qui s'étaient révoltés, « en considé« ralion des services rendus au Roi par ceux de la religion ».

Ge fut lui aussi qui fit rendre la déclaration de Louis XI, en date du 16 février 1627, dont l'esprit est conforme à celui de l'Édit de Nantes.

« Notre intention, disait Louis XIIL, et le but auquel

1. Comp. Déclaration royale du 10 novembre 1623.