Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

2/4 LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE EN FRANCE

comme éclipsée par la force brutale, mise au service de l'intolérance confessionnelle.

Ce fut l'affaire des biens ecclésiastiques du Béarn qui amena la reprise des luttes. Les protestants du Béarn, après vingt-deux ans de démarches et de résistance illégales, se virent lorcés d'accepter les propositions, que Henri IV leur avait faites en 1998 el qui élaient de partager à l'amiable les biens ecclésiasliques avec les catholiques. Méconnaissant la haute portée de l'Édit de Nantes, ils avaient, quand ils se croyaient les maitres, refusé aux catholiques le libre exercice de leur culte el ils avaient sacrifié la cause de la tolérance à la possession du veau d'or, et maintenant cette liberté des cultes existait, mais il avait fallu le déploiement de la force royale pour l’imposer à leur étroitesse et à leur amour du temporel.

Malheureusement cette victoire du droit fut souillée par les excès de la force armée et donna le signal d’une réaction catholique. Non contents de se voir attribuer la plus grande église et le collège de Pau, les seigneurs et les soldats catholiques démolirent les temples, profanèrent les bibles et maltraitèrent les paysans huguenots. Le Roi eut le tort de laisser ces violences impunies. Alors, les protestants du Midi, bourgeois et gentilshommes, indignés de voir traiter ainsi leurs frères du Béarn, se soulevèrent et convoquèrent l'assemblée politique à La Rochelle (décembre 1620). Celle-ci donna le signal de la 9° guerre de religion (21 avril 1621) qui se terMina par la paix de Montpellier.

La déclaration du Roi, donnée au camp devant Montpellier (19 octobre 1622) confirmait l'Édit de Nantes (articles publics et secrets « qui seront exécutés de bonne foi »), ordonnait le rétablissement du culte catholique et du réformé, dans les lieux où ils avaient été célébrés auparavant, autorisail la réunion des consistoires, colloques et synodes pour les affaires purement ecclésiastiques, mais interdisait formellement aux réformés de tenir désormais des « assemblées générales ou particulières, cercles, conseils et abrégés de synodes ».