Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

DEPUIS LA MORT DE MAZARIN JUSQU'A L'ÉDIT DE TOLÉRANGE 49

puis publiquement. Il y avait des colonies juives plus nombreuses dans le Comiat-Venaissin, où elles étaient protégées par le vice-légat du pape, et en Alsace, où elles bénéficruent de certaines lois de l'Empire, que Louis XIV promit d'observer en annexant le pays. Enfin, grâce aux leltres-patentes de Henri IV (1603) et à l'administration personnelle du maréchal de Schomberg, les juifs de Metz exercaient librement leur culte et faisaient le « commerce des marchandises d'orfévrerie, argenterie et friperie », sans étre sujels à d'autre chose qu'à une taxe personnelle assez élevée, et aux tracasseries des corps de mélier jaloux.

Louis XIV, en aflant à Metz (18 septembre 1657) visita la synagogue, en compagnie du cardinal Mazarm, de son frère, et d’un grand nombre de seigneurs. Le Roi avait sans doute gardé un bon souvenir de celte visile, car, lorsque, treize ans plus tard, on porta devant son Conseil les pièces du procès de Raphaël Lévy, juif de Boulay, qui avait été condamné à mort par le Parlement de Metz et exécuté pour crime de meurtre d'enfant, Louis XIV évoqua l'affaire devant son Conseil. En vain la corporation des marchands de Metz essaya-t-elle, par la publication d’un pamphlet, d'attiser la vieille haine contre les juifs. Richard Simon prit leur défense et le Roi, instruit de la fausseté de l'accusation, refusa de donner suite aux conclusions du procureur général de Metz. Il maintint les Israëlites de cette ville dans les privilèges qu'il leur avait accordés en 1657". Et jusqu'à la fin de son règne, le Roi les protégea contre les tentatives de persécution dont ils furent l'objet de la part du Parlement. Ajoutons, toutefois, que Louis XIV rendit une ordonnance, le 30 novembre 1683, qui enjoignait aux juifs de sortir des colonies francaises. C'est, hélas! sur les Réformés que le Parlement de Metz allait prendre sa revanche

des échecs qu'il avait subis dans le procès des juifs. IE fut

1. Joseph Reinacu. Raphaël Lévy: une erreur judiciaire sous Louis X1V. Paris, 1898.