Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

DEPUIS LA MORT DE MAZARIN JUSQU'A L'ÉDIT DF TOLÉRANCE D3

On promettait à ceux qui se convertiraient une pension d’un tiers plus forte que le traitement dont ils avaient joui auparavant. Ceux d’entre eux qui se destineraient au barreau seraient dispensés des études de droit. On faisait « défense aux parents de la religion prétendue réformée d’instruire leurs enfants dans ladite religion » et ils étaient tenus « de les faire baptiser, puis catéchiser par les prêtres catholiques ». Tous les protestants réfugiés à l'étranger étaient sommés de rentrer en France, dans le délai de quatre mois, sous peine de confiscation des biens. I était défendu à tous les Réformés d’émigrer, sous peine des galères pour les hommes et de réclusion à vie pour les femmes. Comme l’œuvre de conversion des huguenots ne marchait pas assez vite, Louvois, avec la permission de Louis XIV, reprit les dragonnades qui furent menées par Foucault, intendant du Béarn, et Noailles, commandant militaire en Languedoc, avec une cruauté révoltante.

On peut dire qu’à la mort de Louis XIV toute liberté de culte était étouffée en France, Port-Royal des Champs, détruit, les Jansénistes suspects ou exilés, les protestants mis hors la loi ou proscrits. À peine tolérait-on les Luthériens ou les Calvinistes d'Alsace et les quelques familles juives de Bordeaux, Bayonne et Metz. Avec l'Édit de Nantes avait disparu la garantie de la liberté de conscience.

$ 3. — Ce qui fut surtout navrant, c’est que ces attentats commis par Louis XIV contre la conscience de ses sujets furent reçus avec un applaudissement général. Les Jésuites et les missionnaires firent retentir les chaires d’alléluia. N'’était-ce pas le triomphe des idées que leurs controversistes avaient développées et les confesseurs du Roi préconisées auprès du royal pénitent? N'’était-ce pas donner pleine satisfaction aux vœux répétés tous les cinq ans par les assemblées du clergé de France ? L'année même de la Révocation parut un livre anonyme sous ce titre: Conformité de la conduite de l'Église de France pour ramener les protestants, avec celle de l'Église d'Afrique, pour ramener les Donatistes à l'Église catho-