Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

DEPUIS LA MORT DE MAZARIN JUSQU'A L'ÉDIT DE TOLÉRANCE 07

dits « Nouveau-Convertis, » des mesures coercitives indignes d'un ministre de Jésus-Christ. On voit, enfin, par le plan de sa VII* Dissertation sur la Tolérance, qu'il était d'avis qu'elle menait à lindiflérence et que l'Église ne pouvait raisonnablement en user envers les protestants.

Nous voudrions aussi pouvoir ranger, sans réserve, Pascal. parmi les apologistes de la tolérance. On a vu plus haut la protestation éloquente de sa sœur Jacqueline contre la signature du formulaire de Marca, mais en présence de la polémique violente d’Arnauld et de Nicole contre les docteurs réformés', iliest permis de se demander s'il eût accordé à ces derniers la liberté de conscience, qu’il réclamait pour ses coreligionnaires jansénistes, dans le passage suivant : « Le « silence est la plus grande persécution ; jamais les saints « ne se sont tus..., or, après que Rome a parlé et qu’elle à « condamné la vérité et que les livres qui ont dit le contraire « sont censurés, il faut crier d'autant plus haut qu'on veut « étouffer la parole plus violemment. Si mes lettres (à un

« Provincial) sont condamnées à Rome, ce que j'y condamne « est condamné dans le ciel: Ad tu, Domine Jesu, tri-

« bunal appello! »

Les ministres de la religion prétendue Réformée, conduits au gibet, et les protestants, condamnés aux galères ou à l'exil, ne s’exprimaient pas autrement que Pascal; en souffrant par fidélité à leur conscience, ils en appelaent du verdict des tribunaux du Roi au tribunal de Jésus-Christ !

On connait moins la protestation des humbles, mais il ÿ eut beaucoup de catholiques, même de curés, qui furent indignés où émus de pitié, à la vue des dragonnades et des rigueurs exercées contre les huguenots fugitifs. Pierre Baudry, curé de Saint-Pierre d'Oléron, illustré par P. Loti dans son drame de Judith Renaudin, ne fut pas un cas isolé.

De tous les bons et généreux catholiques, celui qui a laissé le témoignage le plus explicite de blâme contre les

1. Voir « Le Traité de la perpétuité de la foi » et « les Préjugés légitimes ».