Histoire de la liberté de conscience : depuis l'édit de Nantes jusqu'à juillet 1870

DEPUIS LA MORT DE MAZARIN JUSQU'A L'ÉDIT DE TOLÉRANCE 63

conscience, où dominaient les fanatiques, le duc d'Orléans, il renonça à ce projet (1722) et se laissa entrainer par Ba vergne de Tressan, évêque de Nantes, dans la voie de la persécution. Le 6 mai 1716, le Régent publiait, au nom de Louis XV mineur, une Déclaration qui démentait les bruits qui avaient couru au sujet de la tolérance des assemblées du culte protestant et confirmait les édits les plus sévères de Louis XIV.

La réaction s’étendit même aux juifs. En 1718, le duc d'Orléans, bien que le Trésor fût à court d'argent, refusa plusieurs millions qu'on lui offrait, à condition qu'il permit d'ouvrir une synagogue à Paris. Un arrêt du Conseil, en date du 0 février 1731, défendit aux juifs de trafiquer dans d’autres lieux que dans ceux de leur domicile et Louis XV, par sa Déclaration de 1733, leur interdit de faire des billets sous seing privé, contractés par des chrétiens en qualité de débiteurs.

Ces ordonnances n’eurent pas toujours un caractère comminaloire ; elles furent appliquées rigoureusement aux protestants par l’intendant de Guienne et le Parlement de Bordeaux, par Ghamilly, intendant en Saintonge et en Poitou, par les intendants du Languedoc et du Dauphiné, assistés des commandants militaires. On recommença de plus belle à

pendre les ministres, à envoyer les hommes aux galères et à renfermer les femmes dans les couvents ou dans les prisons. On alla même, comme Berwick en Guienne et Chamilly en Saintonge, jusqu'à ordonner des feux de peloton sur des assemblées composées de femmes, de vieillards et d'enfants et à faire incendier les maisons de ceux qui allaient au prêche.

Ce fut pis encore à la mort du Régent. Le duc de Bourbon, choisi pour premier ministre, par l'influence de l’évêque de Fréjus, fit rendre la Déclaration de 1724, la plus cruelle qui ait été édiclée contre les protestants français. IL était

Mémoires ; elle s'explique parce que ces derniers furent écrits vers la fin de sa vie (1750-55) et sous l'influence des idées du temps.