Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

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dans des niches dorées et d'élégans réduits. Mais la foule d'en bas jouissait, recevait le plaisir par tous les sens, et l’on bäillait au-dessus d'elle. L'ennui des loges venpeait la gêne du parterre. Celui-ci, à la vanité près, triste dédommagement de l'ennui, n'était pas le plas mal partagé; en sorte que tout le monde était à peu près satisfait.

« Des hommes sont venus et ont entrepris de désabuser le parterre de ses jouissances et de lui persuader que ses plaisirs, mêlés d’épines, n’étaient pas @es plaisirs. Le théâtre était supporté par un vaste pivot. Ils lui ont imprimé un mouvement de rotation; en le faisant tourner sur lui-même, ils ont amené sur la scène ce que les toiles et les rideaux cachaient. Ils ont mis derrière ce qui éfait devant, et devant ce qui était derrière. [ls ont ensuite troué les toiles, détaché les cadres et les poulies, coupé les cordes, dépendu les nuages, et présentant à l'œil du spectateur étonné tous ces débris huileux, noircis et enfumés : « Stupides admirateurs, » se sont-ils écriés, « voilà les objets de votre enchantement! « voilà vos dieux, vos aïeux, vos rois et vos hé« ros ! Prosternez-vons encore! »

Celui qui, aujourd’hui, pour tirer d’embarras les législateurs français, leur tiendrait ce langage : « Messieurs, vous le voyez, vous avez « beau vous débattre, vous vous noyez; l'anar« chie vous gagne; vous n'avez qu'un poste à « prendre, c'est de rétablir l'opéra. » Celui qui