Histoire de la Révolution, 1747-1793 [i.e. 1774-1793]. République

18 HISTOIRE

la richesse des idées et la fougue des passions. Cagliostro, dans son laboratoire, couronné de verveine, consultait les pulsations d'une vipère, et cherchait les secrets de l'alchimie, pour enlacer la crédulité. Baumarchais, dans le tumulte populaire, amorçait le peuple pour déchirer la vieille terre politique et la doter d'une statue s0ciale; mais l’un ne put faire sortir l'or du creuset, et l'autre ne put élever sa statue sur son piédestal. Le premier prit tous les noms pour explorer le monde; le second, tous les costumes pour mettre en saillie laiguillon qui poussait son siècle, Tous les deux prirent leur course pour arriver, mais leur boussole les perdit et ils n’arrivèrent pas.

Dans ses scènes féeriques, on voyait Cagliostro évoquer les mânes de la princesse de Trébisonde. Il réclamait le salut de vérité : union, silence et vertu étaient inscrits sur la jarretière des adeptes. On écoutait : c'était à la taverne de Reilly que les Anglais avaient posé en sa présence «€ la première pierre du monde visible. » Dans tous les hémisphères, le nécromancien de Sicile avait laissé des traces : le comte du Phénix, le comte d'Hora, le marquis de Pellegrani et le marquis d'Hanat; tous ces personnages, si renommés dans les sciences occultes, n'étaient autres que Cagliostro.

Ce fourbe qui remplit la cour et la ville de ses prédictions et de ses explorations médicinales, arrhait la magie grecque, la maçonnerie Égyp-