Histoire des deux conspirations du général Malet

88 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

ni ses amis n'étaient descendus dans la rue; on ne les avait pas moins traduits devant la haute cour de Vendôme, et Babeuf et Darthé n’en avaient pas moins payé de leurs têtes une conjuration dont l’explosion n'avait pas eu lieu.

S'il n’eût tenu qu'au préfet de police Dubois, il en aurait été de même en 1808 pour Demaillot, pour Malet et les autres membres du comité de la rue Bourg-PAbbé. Mais il parut dangereux, dans les hautes sphères du pouvoir, de mettre à nu, dans un procès retentissant, les plaies et les côtés faibles du régime impérial. Trop de personnages importants se trouvaient plus ou moins compromis dans cette conjuration éclose dans le cerveau d’un vieux Jacobin. Comment laisser dire, à la face de la France et de l'Europe, que des sénateurs, des généraux, des fonctionnaires de l’ordre le plus élevé n’avaient aucune confiance dans la durée de l'empire, étaient fatigués de ce régime abrutissant qui pourtant les avait couverts d’or, de croix, de titres et de dignités, et n'avaient pas mieux demandé que de s’associer à une entreprise conçue par quelques républicains pour le jeter bas? Quelle esclandre, et quel scandale ? On résolut d’étouffer l'affaire.

Un des plus importants fonctionnaires du ministère de la police, chargé d’examiner le rapport du