Histoire des deux conspirations du général Malet

96 HISTOIRE DES DEUX CONSPIRATIONS

n'avait pas reçu de commencement d'exécution; en un mot, il n’y avait pas de corps de délit. Tous les prévenus pouvaient donc très-légitimement réclamer leur liberté.

La plupart d’entre eux le firent honorablement, avec une fierté digne de la grande cause pour laquelle ils s’étaient compromis.

Corneille, contre lequel un magistrat du Jura, par une lâcheté inouïe, avait écrit une longue dénonciation anonyme, où il le taxait de jacobinisme et de terrorisme, n'avait pas craint de prendre à partie le préfet de police, dont il accusait « l'imagination délirante. »

À diverses reprises, il renouvela ses réclamations, laissées toujours sans réponse. Au mois de juin 1809, après douze mois de secret, il écrivait encore au ministre de la police : « Je vous réitère aujourd’hui la même demande, en vous assurant que mes malheurs sont tels que je préfèrerais infiniment mourir que de rester dans une situation aussi désespérante pour moi et pour toute ma malheureuse famille. » Il ÿ avait un an qu’il ne lui avait été permis d’embrasser sa femme et ses enfants. Pouvait-on imaginer une plus horrible barbarie ?

Mêmes réclamations des autres prisonniers. Ricord père se plaignit hautement de son arrestation,