Histoire des deux conspirations du général Malet

DU GÉNÉRAL MALET 1107

racines; il était puissant par la fortune, protégé par le pouvoir, comblé des avances de Bonaparte même, qui avait toujours eu la faiblesse de choisir ses principaux dignitaires parmi les représentants des grands noms et des vieilles familles monarchiques, — ce parvenu semblait avoir horreur des vilains, — et le général Malet accepta le concours qui lui était offert, croyant par là assurer le triomphe de la nouvelle entreprise qu'il méditait contre le gouvernement impérial. Il se décida donc à admettre, dans des proportions très-faibles du reste, un élément royaliste dans la composition du gouvernement provisoire destiné à remplacer celui de empire.

Là est la différence radicale entre la conspiration de 1808 et celle de 1812. Jamais Demaillot, le principal auteur de la première, jamais les Jacobins du comité secret de la rue Bourg-lAbbé n’auraient consenti à cette fusion d’un instant entre les républicains et les royalistes, entre les défenseurs de la patrie tout entière, du droit et de la justice, et les champions plus ou moins désintéressés d’un parti qui ne représentait qu’une fraction minime de la nation et qui ne rêvait que la résurrection des priviléges et des inégalités sociales abolis par la Révolution. Ils savaient trop bien que les partisans imcorrigibles du trône et de l'autel n’embrasseraient