Histoire des deux conspirations du général Malet

DU GÉNÉRAL MALET 153

un philosophe et un poëte tout à la fois. J’ai lu de lui, aux Archives, un recueil manuscrit de maximes et de pensées fort touchantes, et de poésies dont quelques-unes sont empreintes d’un charme véritable. Il y avait là une espérance qui devait être brisée dans sa fleur par les balles stupides d’un feu de peloton impérial.

En arrivant à Paris, Boutreux, sur la recommandation d’un de ses frères, ecclésiastique et professeur à Beauveau, près Saumur, avait trouvé à se placer à Courcelles, en qualité de précepteur dans une honorable famille, chez M. de Bories. Après avoir réalisé quelques économies, il en était sorti, pour se consacrer entièrement àses études, au grand chagrin de madame de Bories, qui regrettait en lui un maître instruit et patient pour ses enfants. Il avait été se loger rue des Carmes, près la place Maubert, à deux pas du vieux quartier Latin, où V'attiraient ses goûts studieux.

Quand il apprit la détention de l’abbé Lafon à la maison de santé de la barrière du Trône, il s’empressa d'aller le voir. C’était vers la fin de l'année 1811. Et alors, grâce à la liberté relative qui régnait dans ces sortes de maisons, il put entrer en relations suivies avec le général Malet, qui finit par exercer sur lui un ascendant prodigieux.