Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION 299 semblée de ses piques redoutables. Tout Paris est sous les armes. »

Le faubourg Saint-Marceau se présente à l'Assemblée et est admis à défiler :

« Six mille âmes, soldats, hommes, femmes, enfants, passèrent dans un ordre nouveau et tout à fait piquant. Les groupes de citoyens étaient coupés à diverses distances par trois ou quatre rangées de soldats, et tout cela marchait au bruit d'un tambour qui battait une marche gaie et douce. Toutes les femmes avaient le bras droit levé; les hommes étaient armés de piques, de fourches, de tridents, de volants, mêlés aux baïonnettes des soldats. Les enfants avaient des sabres nus, et la salle retentissait des cris de : Vivre libre ou mourèr, la Constitution ou la mort; vive l'Assemblée nationale; périssent les tyrans ; le Peuple français est libre; ü n'y a plus qu'un maître, la loi; vive la loi, vive lu Nation ! et cela durant une demi-heure. Le faubourg Saint-Antoine, en plus grand nombre, a répété le soir ce que J'avais vu et ce que je viens de vous raconter du faubourg Saint-Marceau ‘. »

L'Assemblée cède à la pression populaire : elle décrète le licenciement de la garde du Roi, elle ordonne que les postes des Tuileries seront remis à la garde nationale, et elle déclare que ce décret se passera de sanction.

Le duc de Cossé-Brissac, commandant de la garde

1. Journal d'une Bourgeoise.