Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

300 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT du Roi, est arrêté et conduit à Orléans pour y être jugé par la haute Cour.

Ces mesures appaisent l’effervescence populaire, le calme renait, la satisfaction est générale, car tout le monde est convaincu que l'on vient d'échapper à de grands périls :

« Les dangers où nous avons été, écrit Mme X..., l'insolence des aristocrates qui annonçaient la contrerévolution et une pluie de sang, comme on annonce un orage bienfaisant, tout cela a dû irriter l'Êtresuprême, et Je regarde tout ce qui vient d'arriver comme autant de miracles de sa puissance et de sa bonté envers le peuple. »

La journée s’est passée dans un calme étonnant :

« Le peuple était debout. Son respect pour la loi a fait des prodiges. Je me suis trouvée aux Tuileries, au milieu de cinquante mille âmes, et la majestueuse agitation où nous étions tous n'a pas causé le moindre désordre. On entendait partout : Respect à la loi, obéissance à la loit. »

La situation de la famille royale devenait épouvantable. Sous ses fenêtres, elle entendait hurler d'atroces invectives :

« Vous me voyez désolée, dit un jour la Reine à Dumouriez ; je n'ose pas me mettre à la fenêtre du côté du jardin. [lier au soir, pour prendre l'air, je me suis

1. Journal d'une Bourgeoise.