Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

30% LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT prendre le peuple en infraction à la loi, la faisait écrire d'une manière si inintelligible que le pauvre peuple se trouvait toujours coupable. Enfin l’Assemblée décide d'admettre les pétitionnaires à sa barre.

« L'impression, la mention honorable, les honneurs de la séance pour les pétitionnaires, le passage dans l'Assemblée pour tous les citoyens, ont été décrétés par acclamation. Toul le peuple était debout. Le vrai souverain a su déployer une vraie majesté; il a été à passer deux heures, montre en main, dans un ordre, dans une tranquillité magnifique. On y voyait des citoyens armés de piques, des gardes nationaux, des chasseurs, des grenadiers, des troupes de ligne, des dames, des femmes du peuple, tous mélangés dans le véritable esprit de l'égalité et de l'union fraternelle. On portait les tables sacrées des droits de l’homme et mille emblèmes de la Constitution et de la liberté. La musique militaire jouait l'air Ca ira. Les deux faubourgs SaintAntoine et Saint-Marceau étaient réunis, et cela était gravé sur un tableau allégorique, avec cette devise : L'union fait la force. Is étaient quarante mille. »

Mme X... n'a pas vu la journée du 20 juin aux Tuileries, mais elle la raconte d'après des témoins oculaires. A l'en croire, le peuple a déployé partout la plus grande modération et une sagesse admirable :

« Ils avaient fait ouvrir à la garde nationale la porte du château, autant par la force de leur raisonnement que par la puissance de leur nombre, et l'on entendait