Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

510 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

A partir de ce moment, la fureur contre la famille royale ne connaît plus de bornes; des affiches menaçantes couvrent les murs, les journaux demandent audacieusement la déchéance d’un traître ; Carra, dans les Annales patriotiques, dénonce le comité autrichien, qui depuis si «longtemps gouverne la France et qui prépare aujourd'hui une Saint-Barthélemy de patriotes.

Le déchaînement populaire gagne l’Assemblée, où ont lieu les séances les plus violentes.

Le 50 juin, Vergniaud monte à la tribune et termine un long réquisitoire contre Louis XVI par ces paroles terribles :

«0 Roï, qui avez sans doute cru, avec le tyran Lysandre, que la vérité ne valait pas mieux que le mensonge, et qu'il fallait amuser les hommes par des serments Comme on amuse les enfants avec des osselets, qui n'avez feint d'aimer les lois que pour conserver la puissance qui vous servirait à les braver, la Constitution, que pour qu'elle ne vous précipitât pas du trône, où vous aviez besoin de rester pour la détruire ; la nation, que pour assurer le succès de vos perfidies, en lui inspirant de la confiance, pensez-vous nous abuser aujourd'hui avec d'hypocrites protestations? Pensezvous nous donner le change sur la cause de nos malheurs par l’artifice de vos excuses et l'audace de vos sophismes? Était-ce nous défendre que d'opposer aux soldats étrangers des forces dont l'infériorité ne laisse pas même d'incertitude sur leur défaite? Était-