Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 311

ce nous défendre que d'écarter les projets tendant à fortifier l'intérieur du royaume ou de faire des préparatifs de résistance pour l’époque où nous serions déjà devenus la proie des tyrans? La Constitution vous laissa-t-elle le choix des ministres pour notre bonheur ou notre ruine ? Vous fit-elle chef de l’armée pour notre gloire ou notre honte? Vous donna-t-elle enfin le droit de sanction, une liste civile, et lant de grandes prérogatives, pour perdre constitutionnellement la Constitution et l'Empire? Non, non, homme que la générosité des Français n’a pu émouvoir, homme que le seul amour du despotisme a pu rendre sensible, vous n'avez pas rempli le vœu de la Constitution! Elle peut être renversée, mais vous ne recueillerez pas le fruit de votre parjure! Vous n'êtes plus rien pour cette Constitution, que vous ayez si indignement violée, pour ce peuple, que vous avez si lâchement trahi. »

L'effet de ces paroles fut foudroyant, l'Assemblée les couvrit d'applaudissements.

Après une réconciliation générale de tous les députés provoquée par un discours patriotique de l'abbé Lamourette, la patrie est déclarée en danger.

A partir de ce moment, les séances de l'Assemblée deviennent permanentes ; des coups de canon sont tirés d'heure en heure pour rappeler le danger du pays; toutes les municipalités siègent sans interruption; au milieu des places publiques l'on élève des amphi-