Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

312 LE JOURNAL D'UN ÉTUDIANT

théâtres où les officiers municipaux reçoivent les engagements volontaires.

On se rappelle que le Roï avait refusé de sanctionner le décret qui réunissait 20 000 fédérés à Paris.

L'Assemblée proposa alors un nouveau décret qui établissait à Soissons une réserve de 42 bataillons de volontaires nationaux. Il n'y fut pas fait d'opposition.

Mais l'annonce d’un camp de 20 900 fédérés à Paris s'était répandue en province, des levées spontanées avaient eu lieu dans certains départements et s'étaient immédiatement dirigées sur la capitale. L'Assemblée décréta que ces troupes passeraient par Paris, sy feraient inscrire et de là rejoindraient Soissons; il fut décidé également que celles qui se trouveraient dans la capitale avant le 14 juillet assisteraient à l’anniversaire de la fête de la Fédération.

Gette cérémonie avait passé presque inaperçue en 1791; on résolut de la célébrer en 1792 avec un éclat inaccoutumé.

Quatre-vingt-trois tentes représentaient les quatrevingt-trois départements. Une grande tente était destinée à l'Assemblée et au Roï, une autre aux corps administratifs de Paris. Le Champ de Mars ressemblait à un camp et rappelait les dangers de l'heure présente.

Placé au balcon de l'École militaire, Louis XVI et la famille royale virent défiler devant eux une populace immense, criant, hurlant : « Vive Pétion! Pétion ou la mort ! » Ce cri était reproduit sur tous les chapeaux.