Journal d'un étudiant (Edmond Géraud), pendant la Révolution (1789-1793)

PENDANT LA RÉVOLUTION. 315 Ensuite venaient en désordre les fédérés, les légions de la garde nationale, les régiments de la ligne, l'Assemblée :

« L'expression du visage de la Reine ne s'effacera jamais de mon souvenir, rapporte Mme de Staël; ses yeux étaient abimés de pleurs ; la splendeur de sa toilette, la dignité de son maintien contrastaient avec le cortège dont elle était environnée. »

Quand le défilé fut terminé, le Roi descendit et vint prêter le serment sur l'autel de la patrie :

« Le Roi se rendit à pied jusqu'à l'autel élevé à l'extrémité du Champ de Mars, dit encore Mme de Staël. C'est là qu'il devait prêter serment pour la seconde fois à la Constitution... Je suivis de loin sa tête poudrée, au milieu de ces têtes à cheveux noirs; son habit, encore brodé comme jadis, ressortait à côté du costume des gens du peuple qui se pressaient autour de lui. Quand il monta les degrés de l'autel, on crut voir la victime sainte s’offrant volontairement en sacrifice. Il redescendit, et, traversant de nouveau les rangs en désordre, il revint s'asseoir auprès de la Reine et de ses enfants. Depuis ce jour le peuple ne l’a plus revu que sur l'échafau d. »

Un arbre immense était placé sur un vaste bûcher. C'était l'arbre de la féodalité, et à ses branches se trouvaient suspendus des couronnes, des cordons bleus, des tiares, des clefs de saint Pierre, des titres de noblesse, des écussons, etc. On demanda au Roi d’y venir

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